08
Fév
13

Arrêtons de prendre les poneys pour des licornes

poneylicorne

Arrêtons de nous bloquer sur les positions dominantes et d’écarter les plus faibles. Nous sommes dans le même bateaux et il est inutile de sauter en route, faut s’accrocher !

Ami public et spectateur, ne te laisse pas berner par le classement du chanteur le plus riche. Il cache une réalité qui ne repose pas sur les bénéfices de la musique, mais sur des contrats publicitaires avec des marques et des billets d’entrée dans des stades. Comment la presse, les journalistes peuvent ils relayer encore aujourd’hui, des classements sans expliquer sur quoi se basent les revenus d’un artiste ?

On interpelle souvent les professionnels de la musique sur la non adaptation au nouveau modèle économique imposé par le web. Et c’est normal qu’on crève ! En même temps le gars qui dit ça est souvent seul, et c’est la seule question qu’il retient pour la reposer sans cesse. C’est comme de lire certain post, j’ai l’impression que c’est toujours le même qui écrit.

La réalité est que les revenus du streaming augmentent mais ne sont pas encore conséquents par projet. C’est le modèle vers lequel tout le monde pense qu’on va. C’est vrai. Mais nous avons aussi la chance de faire cohabiter plusieurs types de revenus et de modèles dans cette période de transition, qu’il ne faut pas jeter le passé sous prétexte que le futur est notre présent !

Les droits d’auteur imaginés au XVIIIe siècle dans leur mode de rémunération toujours actuelles pour les paroles et la musique reste un marqueur fort de la valeur d’une œuvre et de son auteur. L’œuvre populaire est beaucoup diffusée et son auteur est rémunéré en fonction de cette diffusion. Il faut bien sûr s’occuper de multiplier les diffusions, les utilisations. Un éditeur peut être un partenaire pour atteindre ces objectifs.

La rémunération des supports continue de s’effondrer, en grande partie par l’abandon de supports… Il faut donc revoir les échanges avec le public pour l’utilisation d’un enregistrement. La production d’un album par exemple représente des coûts, variables suivant les moyens à disposition, l’ambition du projet, le nombre de musiciens, de technicien, le temps de studio, le graphiste, le photographe, etc… Du coup, donner sa musique c’est comme si le boulanger distribuait ses baguettes dans la rue. Les gens acceptent de payer le pain, car on a su valorisé la farine, le sel et l’eau, et presque le temps de travail…

Et je dis à l’artiste qui donne sa musique pour faire des concerts, qu’un autre joue gratuitement pour vendre sa musique !

Créons ou/et entretenons un lien entre nous pour valoriser notre travail et mieux le faire comprendre. Le retour sera bénéfique pour tous.

N’attendons rien des politiques qui ne comprennent pas notre filière. Nous créons de la richesse, des emplois, du rêve, avec des activités non délocalisables. Les 5 plus gros sont fragiles, tous les autres se battent comme des chiens.

31
Déc
12

Je la sens « balèze » cette année 2013…

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Encore un matin…

Je reprends du café pendant qu’un chroniqueur radio commente le dernier album de Booba sans passer un extrait. Je zappe. Une autre radio joue en boucle le même titre de Goldman pour la 12e fois de la matinée. Est-ce que j’ai la première version en vinyl ? Direction l’ordi pour ouvrir un nouveau mail d’une TV de Box qui propose de financer son passage de clip vidéo. Je me demande si ma société va pouvoir investir dans un nouvel album.

Forcément en cette journée du 31 décembre 2012, on a envie de faire une rétrospective. Pas facile de voir si on a tout bien fait cette année. J’ai fait une petite vidéo il y a quelques jours pour assembler tous les albums, EP ou single commercialisés par Booster Label. C’est pas mal. 26 sorties quand même !

Pour WTPL Music, en tant qu’éditeur, je suis assez content de cette année 2012. Pas mal de synchro en France (France Télévision, TF1, Canal+, etc…), fortifiée par belles collaborations. Du placement de titres auprès de plusieurs interprètes. C’est une première et c’est extrêmement excitant de réunir des équipes pour apporter une chanson à un interprète. J’ai même concrétisé des signatures en label, ce qui par les temps qui courent, est une forme d’exploit 😉

On a perdu l’opportunité d’avoir un CNM. Les enjeux de la copie privé, les droits d’auteur et la viabilité économique de la filière musicale ont encore faire des dégâts. La musique est dans notre vie de tous les jours, personne ne voit que la création est en danger. On va rebattre les cartes de l’intermittence, on ne prévoit rien pour empêcher le direct download. Les fusions et les rachats vont se poursuivre…

L’audace de certain producteur, les initiatives de plusieurs artistes, la volonté de nombreux promoteurs, maintiennent la motivation.

Tout cela me motive à être déjà en janvier 2013. La nouvelle année va démarrer au quart de tout. Je le sais ! Les cartons sont pleins avec la production de deux albums, la promo d’un projet grand public, la création d’un répertoire pour une nouvelle artiste et la gestion de sa stratégie, de nouveaux accords avec des catalogues à gérer et à monter, des nouveaux sous-éditeurs et l’ouverture d’une nouvelle antenne internationale. Le MIDEM sera encore chargé dans un mois.

Tous mes vœux

Je vous présente tous mes vœux pour cette année 2013. Pensez à vos proches, à votre santé, pour être plus fort tous les jours sur ces bases essentielles. Je vous souhaite d’être curieux et de rendre curieux votre entourage. Bonne année !

23
Jan
12

Mega Up Louche

Le FBI a fermé le site megaupload

MEGAUPLOAD est fermé par le FBI.

Dommage que cela ne rime pas avec Hadopi en américain. L’effet est plus important. Depuis plus d’un an, je visite les forum « d’échanges de liens » pour comprendre la démarche de la « culture pour tous ». La réaction sur les forum est de deux ordres 4 jours après la fermeture de Megaupload : « bon, les gars, on a décidé de nous faire chier, mais on est là pour résister, on va switcher tous les liens sur une autre plateforme » ou « Merde, je dois tout re-uploader, ma centralisation de mes 787 films. Je ne suis même pas payer pour faire ce boulot, et je quémande les mercis à longueur de post sans résultat » (sic)

Alors je tiens à informer tous les abonnés de Megaupload comme Madame Rokhaya Diallo (Chroniqueuse sur RTL, Le Mouv et Canal+), qu’ils ont autant de chance de se faire rembourser que s’ils avaient investis dans une voiture volée… Sauf que les abonnés ont payé avec une CB…

Kim Dotcom gagnait 115 000 $ par jour avec Megaupload. Vous trouverez sur le net la liste de ses voitures de luxe.

Resurgie des entrailles du net, la vidéo « Kimble [un de ses surnoms] va à Monaco » le montre avec des associés et des amis à l’occasion d’un grand prix de Formule 1, dans une procession de voitures de luxe ou lors d’une fête sur le yacht Golden Odyssey, s’aspergeant de champagne au milieu de jeunes femmes légèrement vêtues.

Le film d’une trentaine de minutes, débutant sur le générique de la série américaine « Dynasty », est dédié « à tous mes fans », et résumé en ces quelques mots : « Voitures rapides, filles chaudes, superyachts et fêtes incroyables ! La décadence règne ».

Il est intéressant de noter que le bling bling lié aux revenus illégaux font peu réagir.

A tous ceux qui prennent la défense du direct download, comme auparavant le P2P, n’oubliez pas que le partage n’est possible qu’avec du contenu vous appartenant.

Bonne semaine.

15
Oct
11

New Money

gros billetLa prime de 1000 € c’est un problème de riches ! J’ai découvert les tickets restaurant, les chèques vacances et les RTT quand j’ai embauché mes premiers salariés au régime général. Le chef d’entreprise n’a pas le droit à cela, et l’inconscient collectif associe le patron d’une TPE à un capitaliste notoire, touchant salaire, prime, avantages en nature et dividendes. Et en plus, il est propriétaire de sa boite ! Nous sommes tous balaises pour faire des raccourcis sociaux. Une caricature est toujours plus claire dans la tête des gens, et cela évite de réfléchir. Je fais pareil en mettant toutes les banques dans le même sac sur la facturation systématique de frais et la création de valeur sur les soldes négatifs.

Bref, je ne vais pas ici exposer qu’avec beaucoup d’argent, je serais fort riche. Je me suis mis à penser à de nouveaux revenus issus de l’activité dans la musique, au profit des artistes et de leurs partenaires. Facebook a été plus rapide en signant des accords avec les tuyaux d’écoute de musique (Spotify, Deezer, Soundcloud, Vevo…). Contre 30% des revenus générés (sur le même schéma que Zinga), Facebook va non seulement récupérer de la new money via ses 800 millions d’utilisateurs, mais va en plus connaître ce qu’ils écoutent. Ces flux d’écoute seront collectés pour ensuite facilement les monétiser via des offres publicitaires pour proposer du merchandising, des places de concert, des nouveaux albums, etc… Un nouvel intermédiaire entre le public et les artistes est en train de naître.

Une boite de tunesLe grand public a une image sur les producteurs de l’industrie musicale complètement faussée, et ces producteurs n’ont rien fait pour améliorer cette image. J’entends ceux que les journalistes invitent à la télé, à la radio et dans les débats. 4 majors (Universal, Warner, Sony et EMI) pour l’instant, en France 4 gros indés (Because, Naïve, Wagram, PIAS), et plus de 1500 structures plus modestes plus proche de la TPE que de la PME. Autant de gens au service des nouveaux talents, rarement serein en terme de trésorerie, qui sont mis dans le même sac que le porte parole de Vivendi qui explique ses 45% de parts de marché dans le top parce qu’il y a tout son back catalogue. Son job est de faire briller les actifs, les « petits » essayent de ne pas être passif quand le fruit de leur labeur veut changer de main. Pas facile de créer des outils permettant d’assurer  la pérennité des labels tout en préservant la diversité culturelle.

Le producteur de musique est avant tout un entrepreneur. A ce titre, il accepte de risquer ses finances sur un projet artistique. Les artistes étant rémunérés à toutes les étapes du processus, le retour sur investissement devient plus complexe au fur et à mesure de l’illusion de la gratuité des contenus. Les modèles économiques sont remis en question tous les mois et chacun cherche tous les jours des moyens de s’en sortir, malgré les coups de butoir des artistes qui ne comprennent pas pourquoi une équipe réduite est débordée par le boulot, les coups de butoir des sites de direct download qui prônent la culture pour tous gratuite, les coups de butoir des politiques avec des solutions fumeuses sur la distribution d’une taxe internet pour tous, les coups de butoir incessants des médias qui expliquent que l’industrie musicale n’a rien fait pour ne pas se retrouver dans cet état tout en la critiquant d’agir pour protéger ses droits.

arbre à moneyLa filière musicale a le plus souffert de l’impact du téléchargement et de la copie illégale, tout en étant le secteur culturel le moins aidé. La taxe Cosip (taxe payée par les distributeurs de télévisions, FAI principalement) pourrait faciliter de nouveaux financements. les 278 Millions collectés en 2010 et fléchés uniquement vers le cinéma (alors qu’on parle d’audiovisuel) pourraient en partie (95 Millions) revenir à un nouvel organisme : C.N.M. (Centre National de la Musique). Ce nouvel édifice regrouperait tout la filière (scène, disque, édition…). Le CNM gèrerait des financements administrés par d’autres sociétés civiles et incorporerait le FCM et le Bureau Export. Cela donnerait un guichet unique pour les aides à la production, à la tournée et au clip.

Le « New Money » se répartirait comme suit :

– 7 Millions pour les auteurs/compositeurs et les éditeurs

– 25 Millions pour les activités liées aux concerts

– 45 Millions pour les producteurs de contenus

Reste à coordonner la distribution, sans tomber dans le droit de tirage systématique favorisant les gros et uniquement les gros, et le saupoudrage éparse ne favorisant pas grand chose pour les petits. Les échéances électorales risquent de hâter tout cela pour le meilleur et pour le pire.

A Suivre…

 

20
Août
11

La Google attitude

Google a acheté Youtube (1,65 Md$), Google a acheté Double Click (3,1 Md$), Google a acheté ITA Sofware (700 M$), Google achète Motorola (12,5 Md$), etc… Aucun achat dans la création de contenu.

Pourtant le prix à payer n’est pas exorbitant en 2011 : Warner a 3,5 Md$, Chrysalis 168,6 M$, EMI sera bradé en dessous de 3Md$, Europacorp serait valorisé 65 M€, etc…

Du coup, je me dis que le contenu n’est pas une valeur a acheté pour un industriel du tuyau et du péage du tuyau. L’intérêt est dans la logistique, la densité du flux, et la captation de dime au passage.

Alors pourquoi ne pas imaginer GOOGLE acheter un industriel de l’électroménager mondial ? Car un frigo ou un lave vaisselle connecté à Internet doit donner un max d’info sur nos habitudes de consommation. Il est assez facile d’imaginer la valorisation de ces informations à revendre aux industriels de l’alimentation, les hypermarchés et les vendeurs de poudre à laver.

Je verrais bien GOOGLE acheter un constructeur automobile. Les voitures commencent à être connecté à Internet via satellite, il est donc imaginable d’une part de récupérer les informations de trajet rentrées sur le GPS, et dans un second temps d’envoyer des suggestions de shopping, de restaurant ou d’arrêt touristique sponsorisé.

Pourquoi ne pas imaginer des participations dans les compagnies aériennes et ferroviaires ? Le public captif pendant la durée du voyage peut livrer beaucoup d’information sur les utilisations de contenus de loisirs. Si on peut connaître les goûts musicaux, cinématographiques ou littéraires, pour revendre les prescriptions aux producteurs de contenus qui n’existent plus… Ne tue-t-on pas un acteur de la chaîne ? Ne perd-on pas ensuite une diversité culturelle ? Ne bloquons pas le libre arbitre du public ?

Google Music, pour l’instant disponible sous forme de bêta fermée,  se focalise de plus en plus sur la mise en avant des artistes et des sites qui leurs sont dédiés.

Magnifier est un moyen de découverte pour de la musique… gratuite. Chaque jour, une nouvelle chanson sera donc proposée et il sera possible de la rajouter à votre compte Google Music. Chaque semaine, c’est un artiste qui sera mis en avant de la même manière.

Un service de découverte, mais qui n’est pas ouvert aux artistes, pour le moment !

Alors, ai-je tort de m’inquiéter ?
George Orwell visionnaire donc, nous ne faisons plus un pas sans être observé, bon. Peut-on être rémunéré pour cela ?

19
Juin
11

Stoned Popes apportent le melting pop à WTPL Music

Stoned Popes

Les Stoned Popes viennent d’accepter de signer les éditions de leur premier EP chez WTPL Music. J’en suis très content, très fier et très motivé ! Le groupe parisien apporte un univers qui ne demande qu’à éclater. Nous avons l’album a préparer pour une sortie en 2012. Le planning est chargé. Mon ami François Welgryn, qui m’a présenté le projet, souhaite les aider à travailler sur au moins un titre en Français. Les Stoned Popes veulent un clip… Pour quel titre ?

En attendant : « What’s Comin’ After » en accoustique :

Les Stoned Popes et le Dum Clap

Le groupe a popularisé le « Dum Clap » à travers ses concerts bien sûr, le public qui joue le jeu of course, et toute une série de vidéo tournaient un peut partout. Peut être va-t-on lancer un concours pour une vidéo du Dum Clap dans un lieu insolite, en haut d’une montage, à l’occasion d’un discours politique, d’une fête foraine, d’un cocktail d’art contemporain… Je suis curieux. (Avez-vous pris votre caméra pour les vacances cet été ?)

Cela n’a pas l’air si facile que cela pourtant. Le groupe commence à répondre aux nombreuses interview sur le sujet. Voici celui de  Voltaireonline.eu :

 

http://www.dailymotion.com/embed/video/xgguph
INTERVIEW STONED POPES sélection VoltaireOnline par voltaireonline

Premier EP déjà disponible en concert contre la modique somme de ce que vous voulez bien donner. Et bien sûr sur les principales plateformes digitales. La meilleure façon de soutenir le projet étant de le montrer !

Le groupe fera quelques concerts cet été, entre les séances d’écritures, de composition et de répétition. Plusieurs évènements arrivent. Sans nul doute, que vous entendrez parler des Stoned Popes dans les prochains mois. Bonne découverte.

19
Mai
11

Du côté où la lune brille plus fort

C’est en ces moments d’amertume ponctuelle que je me remets en cause, dans mon fonctionnement, mes actes et ma façon d’être. Impossible de passer à côté d’un moment pareil sans y laisser des plumes. J’ai l’impression parfois d’être la victime d’une ingratitude typique.

Depuis plus de vingt ans que je travaille avec des artistes, j’ai dégagé des points communs, et je m’évertue à les camoufler derrière d’autres objectifs à chaque nouvelle rencontre. Je me dis : « cette personne n’est pas comme les autres, à travers ses ambitions, je perçois une envie de bâtir une collaboration sur le long terme ».

Comme un con, je reste persuadé que personne n’est parfait. Je connais mes forces et mes faiblesses, et après avoir étalé mes « forces » pour séduire, une complicité saillante me pousse à être transparent sur mes faiblesses. Et bien, comme dans beaucoup de situation, dans le « business » de la musique, on ne doit pas étaler ses faiblesses.

Du coup, je ne peux m’empêcher de réfléchir au mimétisme que je pourrais travailler, en étudiant les politiques, les capitaines d’industrie et les militaires. Ne rien laisser paraître de ses sentiments. C’est possible de l’appliquer dans la filière musicale, je l’ai déjà vu chez ces patrons de label que je côtoie dans les réunions et assemblée.

Toutefois, j’ai envie de mettre en garde l’artiste qui prendrait le temps de me lire. Si on vous dit que la lune brille plus fort d’un côté, ce n’est pas vrai.

Votre premier partenaire connaît la belle sœur du frère du stagiaire d’un label ? Vous le quitterez pour la belle sœur !

Je m’égare. Je dois me remettre en question pour l’avenir, pour ne plus renouveler mes erreurs. A tous les artistes qui se reconnaitront, je tiens à vous présenter mes excuses d’avoir :

–       commencer à travailler sans attendre la signature du contrat entre nous

–       cru que nous étions associés pour le meilleur et pour le pire

–       été transparent sur tous les avis, les retours

–       été 100% disponible

–       gaspiller ma trésorerie, mon énergie, mon temps pour le projet sans rien attendre en retour

–       pas su dire que la lune brille plus fort de mon côté

 

Dans un monde de paillettes, qui tient le meilleur rôle ? Celui qui fait clignoter les spots ou celui qui fait tourner la boule à facettes ?

27
Avr
11

Le Bluzz

Samedi, j’ai été dans un festival à Cambrai. J’ai enchainé après le retour de nuit du Printemps de Bourges. Au cours d’une conversation avec un artiste, je me suis entendu parler du Bluzz, comme stratégie de développement. Un mélange de bluff et de buzz. C’est dans l’ère du temps. Je me verrais bien en inventeur du bluzz en fait.

Pour mériter le titre, il faudrait avoir quelques résultats à mettre sur la table, et ce n’est pas chose facile. Un bluzz échappe souvent à son auteur. Quand j’étais tourneur en 1993, les organisateurs devaient me faire confiance sur le boulot de la maison de disque, de la promo et du marketing, du fait que tout le monde était en train de programmer le groupe dont je parlais. Seulement quand tu démarres le démarchage pour dEUS avant la signature chez Island UK, personne n’est motivé. L’effet bluzz arrive en juillet 1994 au lendemain de leur deal anglais. Bingo, tout le monde les veut. C’est l’effet Kiss Cool du label prestigieux. Phénomène que j’ai retrouvé avec OUT pour leur 2e album chez Roadrunner. Pour Useless en 1997, difficile d’expliquer l’engouement avant la signature chez EMI. Label que nous avions du choisir parmi toutes les offres. Certainement la conjonction de la tournée de 120 dates avant, la participation au FAIR, Transmusicales, Printemps de Bourges, etc… a fait le reste. Tout le monde voulait Useless. Encore un cas d’école pour moi. Je n’ai jamais levé autant de fond pour un artiste pour lequel j’ai été manager…

Quand j’ai conclu un accord avec K.Maro au Midem 2004, il avait déjà fait le tour des majors en décembre 2003. J’ai enchainé Cannes avec 3 jours à Paris à voir tout le monde. Et je leur disais : « j’ai le tube de l’été » ! Ben… aucune offre ! Il n’y a eu que Dodo chez East West, avec qui j’écoute plutôt du rock couillu, qui m’a dit « tu as peut être raison Bill ». Et Michaël Wijnen m’a fait une offre dix jours après. Le titre a été présenté en radio avec quelques améliorations, 3 semaines plus tard, et il est rentré 12 fois jours sur NRJ grâce à Roberto. « Femme Like U » a été N°1 dans 17 pays. Si ce n’est pas du bluzz ça !

Lorsque son pseudo manager me présente le clip de « Marly Gomont » de Kamini, je m’empresse de le rencontrer et de lui faire une offre. Sur la promesse orale de signer avec WTPL en édition, j’envois le lien du clip à plusieurs D.A. en fin de matinée du 12 septembre 2006. Je reçois 8 propositions écrites dans les 2H. Comme quoi les D.A. sont toujours aussi bons. L’envoi à Cauet le même jour permet de faire l’émission une semaine après, et le passage au Grand Journal met en lumière ce qui nous a complètement échappé : l’engouement du public à se refiler le lien du clip. Le bluzz est en route. Le clip sera le gagnant des Victoires de la Musique 2007, et j’aurais participé à de nombreux meeting avec des patrons de labels et de majors, avec des offres de fous pour récupérer le projet. Projet qui m’échappera ensuite, car ni le manager, ni l’artiste ne se souviendront du début de l’histoire…

En 2007, je m’engage sur Tom Frager. Humainement ça clique et je pense que « Lady Mélodie » est un hit. Pas moyen de trouver un deal en maison de disque. On fait un accord avec Believe pour le sortir en digital et pusher le clip sur Internet et TV. Entre temps, je rédige les contrats qui sont un peu compliqués avec des auteurs et des compositeurs différents pour chaque titre. J’imprime plus d’une ramette et ces feuilles vont faire le tour du monde. La veille de récupérer les contrats, je décroche un RDV chez AZ où je ne peux me rendre. Le label signe. Faut dire que « Lady Melodie » est depuis une semaine sur NRJ. Et le manager va proposer les éditions à l’étage du dessous, chez Universal Publishing. Ce titre a été le N°1 des téléchargements en 2009.

En 2009, c’est l’année où nous mettons le clip de L’Homme Parle : « La Crise » sur Internet. Le public nous aide à faire le bluzz. Plus de 3 millions de visites sur leur myspace. « La Crise » devient le lip dub d’Europe Ecologie pour les Européennes. Le groupe joue dans plusieurs meeting dont le zénith de Paris. L’album sort en juin 2009. Les magasins et notre distributeur n’ont pas anticipé l’engouement et l’album est trois fois en rupture de stock la semaine de sortie. Le groupe remplie les salles alors qu’il n’y a aucun matraquage promo et marketing. Certain programmateur ne savent pas s’engager sans relais traditionnels malheureusement.

Le compositeur de L’Homme Parle a créé son projet solo : « MARXS ». C’est élétro pop. Les collaborations avec plusieurs feat. dont Bad News Brown (RIP) sont superbes. J’ai câlé les premiers show au Canada en mars 2011 (Montréal et Toronto) après une semaine de teasing à New York en décembre 2009, deux clips réalisés avec des Polonais à Montréal, et de belles rencontres au MIDEM. On prépare les meeting à Londres pour le mois de mai. On vient juste de signer une entente pour l’Italie.

Beaucoup d’autres projets vont faire le bluzz ces prochains mois, croyez moi. Et les meilleurs prescripteurs, c’est le public, j’en suis convaincu. Peut être un peu vous qui avez lu jusque là…

01
Mar
11

Les indépendants prêts à tuer les indépendants

Je ne sais pas si cela se fait dans d’autres filières, mais dans l’industrie musicale, nous sommes loin d’un monde cohérent et respectueux. Cela fait plusieurs jours que cela me travaille. Je n’ai aucune idée des conséquences sur mon état d’esprit une fois que j’aurais terminé cette prose. Une chose est sûre, je serais tricard auprès des labels indépendants !

En bon éditeur, et malgré des solutions de distribution et un label sous le coude, j’essaye toujours de trouver des partenaires discographiques pour mes artistes et leurs projets. Je suis très flatté de pouvoir rencontrer de nombreux D.A. et patrons de maisons de disques rapidement pour échanger sur l’écoute d’un répertoire. Je me suis fait plusieurs RDV par vague et cela fait plusieurs fois que je vois des indépendants. Ils sont partant pour des licences, mais ils veulent 50% des éditions ! C’est devenu  break point de tout deal. Et parfois les arguments sont fallacieux… extraits :

– « En sortant le disque, on ne peut pas s’en sortir financièrement si on n’a pas les éditions »

=> ben, tu n’es peut être pas le bon partenaire alors, moi je cherche une maison de disques qui va en vendre des camions

– « Toi, en tant qu’éditeur, tu vas gagner plus que nous, alors que c’est nous qui allons faire tout le boulot ! »

=> ben, t’as qu’à faire éditeur alors ? Tu investis quelques années sur un projet, tu l’accompagnes, tu bosses fort et après tu partages les revenus avec le premier qui se présente, contre rien

– « Entre indé, faut qu’on s’aide ! Tu comprends que sans nous, tu ne gènèreras pas de droits »

=> ben… heureusement, il n’y a pas que vous…

– « Si on veut faire un partenariat avec une radio ou/et une TV on doit leur filer un bout des éditions »

=> ben… qui c’est qui a commencé ? C’est idiot comme échange et pas très fair…

etc…

J’ai l’impression d’avoir toujours entendu ce discours. Donc, je ne fais pas la vierge effarouchée ! Je ne dit pas que le boulot de labels est facile en ces temps qui courent, mais beaucoup génèrent une économie viable. Je ne dirais pas la même chose des distributeurs et des producteurs. Le label a en gros une marge de 3 € par album. Il faut rembourser la promo et le marketing avec ça, payer le personnel et gagner de l’argent. En théorie, quand un label part sur un projet, c’est qu’il a l’espoir d’en vendre un peu… Les attachés de presse, c’est un budget de 5 000 à 15 000 Euros quand on externalise, soit 2 000 à 6 000 ventes d’album, le marketing c’est quasi rien pour les petits projets qui n’entrent pas dans le mass média et on peut aller entre 50 000 et 150 000 euros quand on a de l’airplay radio et du clip en TV, donc là faut rajouter 20 000 ventes minimum pour s’y retrouver… Sachant qu’un bon label a des accords de partenariats avec les médias et ne payent pas 100% de la facture… Un éditeur sur 25 000 ventes gagne à peu près comme ses artistes soit 10 000 Euros, plus d’un an après la sortie de l’album… S’il y a de la rotation radio et TV, on peut doubler la somme.

J’ai fait l’étude sur un carton (disque d’or, 3 single en radio et TV, 100 concerts), et un projet correct (40 000 ventes + un peu de média et concerts). Dans les deux cas, la maison de disque gagne de 10 (pour le carton) à 4 fois plus que l’éditeur, sachant que le label touche de l’argent tous les mois, quand l’éditeur va  commencer à le récupérer un an après. Il faudra que les indés m’expliquent comment on peut être un bon partenaire, qui peut investir sur un projet, quand on cède « gratuitement » 50% de ses revenus, alors qu’on a déjà passé du temps, de l’énergie et des investissements sur un projet.

Je pense qu’on se fout de notre gueule ouvertement.

Je pense que les gens dans certain label ne connaissent pas le boulot d’éditeur et ce que cela représente pour vouloir nous faire crever comme ça. Merde, si on ne peut pas vivre de notre métier comment va-t-on investir sur de nouveaux artistes ? Comment va-t-on pouvoir accompagner les projets sur du long terme si on nous prive d’un fonctionnement simple de la gestion de droits ?

Si j’ajoute les producteurs audiovisuels français qui n’ont jamais de budget pour la musique, qui veulent aussi qu’on leur cède 50% des droits contre le fait de mettre quelques secondes dans un film, je m’énerve tout seul devant ce manque de respect pour une profession comme la nôtre !

ça y ‘est j’suis tricard dans l’audiovisuel Français !

M’en fout j’bosse à L.A. !

30
Jan
11

MIDEM 2011 : + de meeting, + de deals, moins de monde

Depuis 3 ans, j’admire l’art des organisateurs du salon pour occuper l’espace vide. On agrandit les allées, on agrandit les stands, et on essaye de donner l’impression que c’est toujours aussi plein.

Cette année, je dirais qu’on a coupé le Palais des Festival en 2 : une partie occupée, une partie vide. Difficile de cacher la réduction de participant.

A certaine heure, le monde était certainement ailleurs… encore plus loin, ailleurs.

Le MIDEM c’est toujours l’occasion de revoir nos partenaires du monde entier en 4 jours, tout en bénéficiant du climat méditerranéen. J’ai quitté Lille en laissant ma petite famille avec 39° de fièvre, pour mélanger mon début de grippe avec celle des autres pays. C’est la crise depuis un moment, et ce n’est franchement pas gai de voir le salon diminuer tous les ans, en terme de participant et de stand. Pourtant, tout le monde à le sourire au moment des retrouvailles et parle de ses projets, de l’avenir, du plaisir d’être encore dans l’industrie musicale. Tout va bien.

J’ai réussi à participer aux conférences de presse au milieu des RDV. La plus significative d’entre elle est peut être, à mes yeux, celle du SNEP. Les majors commencent à flipper sur le manque de diversité musicale dans les médias. Le chiffre qui tue (la diversité) : 11 nouveaux talents dans le top 100 des diffusions 2010 à la radio (24 en 2009, 33 en 2008) ! Si comme le président de l’UPFI je vais me mettre « tricard » avec les programmateurs, cela fait un bout de temps que les réseaux nationaux ont déserté les nouveaux artistes, même en cas de gros budgets marketing. Les multinationales se rendent compte du marasme que vivent tous les indépendants face au pouvoir prescripteur du média tout puissant.

Sur le stand de la SPPF, on retrouve les mêmes têtes. Ce qu’on ne voit pas… on n’y pense pas. C’est la dure réalité de notre métier : être là pour exister, choper une opportunité, ou manquer à l’appel (qui n’existe pas). Pareil, c’est sympa de voir les actifs Français. Ils ont le sourire, ils sont fiers et veulent développer leurs affaires. Principal bémol du stand : le WIFI qui ne fonctionne pas ! J’espère que la SPPF n’a pas payé une fortune l’un des FAI ou le MIDEM pour un réseau inexistant. Impossible de faire tourner une vidéo online ou afficher un site artiste avant la fin du RDV.

Comme l’année dernière, les principaux RDV préparés à l’avance se terminent par un accord de collaboration, voir un contrat. C’est cool. Pour WTPL Music c’est l’opportunité de remettre un pied à Londres avec de solides intérêts, fortifier nos positions en Allemagne et les Pays de l’Est, accueillir de nouveaux partenaires du Canada et des USA. Je suis super content de mon sous-éditeur Turque qui me fait découvrir les richesses de son pays et les opportunités dans tous les sens. Un très bon entremetteur. J’ai zappé la Chine, l’Inde et l’Espagne… On ne peut pas être partout !

Au niveau concert, j’ai bien sûr été voir la soirée French Vibes avec les artistes Français sélectionnés par… Aucune idée ! Comme chaque année je ressort en me disant que le Martinez n’est pas une salle de concert. La reverb rebondit dans toute la salle, et le mélange soirée cocktail + show, c’est zarbi.

J’ai été voir IAN KELLY en trio. C’était court mais super bien. Je l’avais vu solo auparavant, la dimension que prennent ses chansons avec le clavier et la batterie met bien en relief la fraicheur de ses ballades folk punchies. I hope work with him.

Bon, il ne reste plus que 11 mois pour 2010, le MIDEM c’est dans un an.